Mobile Suit Gundam: A Year of War est un jeu de stratégie tactique sorti en 1993 sur PC-98, développé pour la plateforme par Bandai ou par une équipe affiliée à Sunrise, dans la continuité des titres PC-98 dédiés à l’univers du Universal Century.
Ce jeu s’inscrit pleinement dans la volonté de représenter les événements de la célèbre "One Year War" avec un certain degré de réalisme militaire, dans un format orienté vers la simulation de conflit et la gestion de troupes mécanisées.
Contexte général et narration
Contrairement à *Return of Zion*, qui proposait une suite fictive à la guerre d’un an, *A Year of War* revient ici sur **les événements originaux de l’an 0079 du calendrier Universal Century**, soit la guerre opposant la Fédération Terrienne à la Principauté de Zeon. L’ambition du jeu est de proposer une **chronologie fidèle** à cette guerre, en couvrant les opérations les plus connues du conflit : l’invasion terrestre de Zeon, la bataille de Jaburo, l’opération Odessa, la reconquête orbitale et, enfin, la chute finale de la forteresse de Solomon puis de l’Axe.
Le jeu ne se concentre pas sur les personnages principaux de la série animée, mais les inclut en tant qu’acteurs secondaires ou cartes événementielles, permettant ainsi au joueur d’influer sur leur destin ou de modifier certains événements-clés à l’échelle tactique.
**Structure et mécanique de jeu**
*A Year of War* est un jeu **de stratégie au tour par tour**, orienté simulation de guerre, dans la lignée de ses prédécesseurs sur PC-98. Le joueur peut choisir d’incarner soit **la Fédération Terrienne**, soit **la Principauté de Zeon**, ce qui offre deux campagnes distinctes dans leurs objectifs et leur dynamique.
Le titre se divise en **phases tactiques et stratégiques**. En phase stratégique, le joueur gère la production de Mobile Suits, le déploiement des troupes, la logistique, ainsi que les mouvements à grande échelle sur une carte du monde. En phase tactique, les affrontements se déroulent sur des cartes locales en vue isométrique, où chaque unité se déplace, attaque et utilise des capacités selon ses statistiques et son environnement.
Le rythme est lent, car le jeu privilégie une approche réaliste : les unités mettent du temps à être produites, les déplacements logistiques sont cruciaux, et chaque combat peut faire basculer un front entier si mal anticipé.
**Cartographie et environnements**
Le jeu propose une **cartographie détaillée de la Terre et de l’espace**. Les combats ne se limitent pas à un seul théâtre d’opérations, ce qui oblige le joueur à penser en termes globaux. Il faut défendre plusieurs bases, gérer les renforts, transférer des ressources d’une zone à l’autre tout en anticipant les offensives adverses.
Les cartes tactiques comprennent des environnements variés : forêts, montagnes, plaines, installations urbaines, déserts, orbite terrestre, bases spatiales ou colonies en apesanteur. Chaque type de terrain influence directement les performances des Mobile Suits.
**Unités disponibles**
Le jeu présente une large variété de Mobile Suits issus de la série originelle et de l’univers étendu du Universal Century.
Côté Zeon, le joueur a accès aux modèles classiques comme le **Zaku I**, **Zaku II**, **Gouf**, **Dom**, **Rick Dom**, mais aussi à des prototypes plus puissants comme le **Gelgoog** ou certaines unités expérimentales comme le **Zock** ou le **Z’Gok** en environnement aquatique.
Du côté de la Fédération, les premières phases se déroulent avec des tanks ou des avions classiques, mais dès l’introduction des **GM**, du **Gundam**, du **Guncannon** ou du **Guntank**, les choses évoluent. Plus le conflit avance, plus les troupes fédérales bénéficient d’unités avancées, avec parfois des dérivés mass-produits du RX-78.
Chaque unité dispose de statistiques propres : points de vie, blindage, portée, mobilité, type d’arme (corps à corps, fusil, bazooka, missiles), efficacité selon l’environnement, et moral. Le moral influence la précision, la capacité à encaisser un tir ou à contre-attaquer. Une unité affaiblie par le stress ou la perte de son commandant sera beaucoup moins performante.
**Système de commandement et de progression**
Un système de commandants permet d’attribuer à chaque groupe d’unités un leader militaire, doté de compétences spécifiques : bonus d’attaque, meilleure esquive, capacité à renforcer le moral des troupes, etc. Certains officiers historiques issus de la série sont disponibles, comme **Dozle Zabi**, **M’Quve**, **Bright Noa**, ou **General Revil**. Leur survie ou leur mort impacte parfois les événements futurs de la campagne.
Les unités gagnent de l’expérience au fil des combats, ce qui permet d’améliorer leurs performances. Certains pilotes peuvent aussi monter en grade, leur permettant d’utiliser des Mobile Suits plus avancés.
**Interface, graphismes et ambiance**
Le jeu, comme tous les titres sur PC-98, utilise une **interface en fenêtres à menus déroulants**. Les graphismes sont constitués de **sprites 2D fixes** ou faiblement animés, mais très lisibles. Chaque Mobile Suit est représenté avec un bon niveau de détail pour l’époque et la machine. La carte stratégique du monde est sobre mais fonctionnelle, avec un système de zones à capturer, défendre ou ravitailler.
La bande-son est composée de musiques au format FM synth, utilisant la puce Yamaha intégrée au PC-98. Les thèmes musicaux sont solennels, parfois dramatiques, renforçant l’aspect militaire du jeu. Aucun doublage audio n’est présent, mais les textes sont nombreux, notamment pour expliquer les missions et narrer l’évolution de la guerre.
**Réception et postérité**
Mobile Suit Gundam: A Year of War est aujourd’hui considéré comme un **titre culte dans les cercles de rétrogaming japonais spécialisés en stratégie et en PC-98**. Il est respecté pour la richesse de son contenu, la rigueur de son approche tactique, et sa fidélité au lore du Universal Century. En revanche, sa complexité, sa lenteur d’exécution et l’absence de traduction ont limité sa diffusion au Japon.
Il a contribué à consolider l’idée qu’un jeu Gundam pouvait être bien plus qu’un simple jeu d’action. Il a aussi ouvert la voie aux jeux plus sophistiqués comme la série des **Giren no Yabou** ou certains épisodes de **G Generation**, en imposant une formule où stratégie, guerre et politique coexistent dans un univers narratif solide.